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Augustin l'africain passeur d'Amour
Une pièce de Georges Reynaert, mise en scène par Dianne Van den Eijnden avec une composition musicale originale d’Eric Pauwels.

Compte-rendu de la conférence de Bruno Cazin

L'étonnante actualité de Saint Augustin

Bruno CAZIN, vicaire épiscopal de Dunkerque,
Villeneuve d'Ascq, le 15 Novembre 2007





Je vous remercie de m'avoir invité ce soir pour cette conférence sur St Augustin. J'ai de bonnes raisons de venir à Villeneuve d’Ascq par amitié pour Arnaud mais aussi pour Georges Reynaert que j'ai bien connu quand j'étais séminariste ici même. Je ne suis sûrement pas le plus qualifié pour en parler, car Augustin est un monument que certains explorent toute leur vie avec une rigueur scientifique à laquelle je ne peux prétendre. S'il a lui même écrit d'innombrables ouvrages, la littérature à son propos est surabondante. Je ne suis qu’un humble admirateur de l'évêque d'Hippone que j'ai connu grâce aux sœurs augustines hospitalières de Seclin, ma ville d'origine, de Lille, de St Amand et d’ailleurs. Depuis une vingtaine d'années, je fréquente des sœurs et des laïcs, amis d'Augustin avec lesquels nous organisons notamment des marches d'été à thème augustinien. Mon approche d'Augustin n'est donc pas une approche érudite, elle est plus l'approche spirituelle d'un croyant, d'un saint qui inspire le chrétien que je suis, prêtre, vicaire épiscopal de Dunkerque et médecin hospitalier au CHRU de Lille. Augustin est assurément devenu pour moi un compagnon de route, un ami en Dieu. C'est lui que j'aimerais vous faire connaître.


· Situer l'homme dans un contexte :

Augustin est né à Thagaste en 354, dans l'est de l'Algérie actuelle, près de la Tunisie. On est alors en dans la province romaine de l'Afrique dont Carthage est la capitale. C’est là, qu'Augustin poursuivra ses études commencées à Madaure. Augustin est fils de Ste Monique, chrétienne fervente et de Patrice, païen. Il est d'une famille modeste. C'est un mécène qui subventionnera les études de ce jeune très intelligent. Augustin n'est pas ignorant de la foi chrétienne. Enfant, il a reçu les premières étapes du catéchuménat. « Il but le nom du Sauveur avec le lait de sa mère. »
Il naît aux confins du monde romain, dans une région où identité berbère et latine se mêlent, une province distante de Rome mais très peuplée et riche, à l'abri pour l'instant des invasions barbares qui commencent à fragiliser Rome. L'Eglise y est bien implantée avec de nombreux évêchés, mais aussi beaucoup de divisions qui s'entremêlent aux troubles sociopolitiques. De par son éducation, Augustin s'inscrit pleinement dans la culture latine dont il sera un brillant connaisseur.
Augustin naît dans un temps d'effervescence culturelle et sociale, peu après le règne de Constantin et la reconnaissance du catholicisme comme religion de l'Empire. Il meurt le 28 Août 430 au moment où Rome s'effondre (chute de Rome en 410), où les Vandales sont aux portes d'Hippone.

Tout cela nous rend Augustin très proche à un moment où l'Occident se questionne à nouveau sur son identité et son avenir, où les cultures se mêlent, Augustin nous propose un chemin de foi pour traverser ces bouleversements.

· Un converti

Sa conversion au Christ et à l'Eglise intervient au terme d'une longue recherche, narrée dans les Confessions
A noter un long passage par le manichéisme, qui est une gnose, c'est-à-dire une religion où on parvient à Dieu et au Christ par l'intelligence, mais surtout une religion caractérisée par l'existence de deux principes distincts du Bien et du Mal.
Parvenu en Italie pour assouvir ses ambitions personnelles, Augustin passe de Rome à Milan, alors capitale de l'Empire et va écouter l'évêque Ambroise en raison de son éloquence. Il a alors un fils Adéodat mais a laissé sa compagne en Afrique car Monique ne désespérait pas de bien le marier. Sa conversion se passe en trois temps :

1) la conversion à la sagesse via Cicéron,
2) au Dieu Unique, Logos, raison organisatrice de l'Univers qui habite le coeur de l'homme et lui permet de chercher la voie qui mène au bonheur – via les néoplatoniciens-,
3) puis la conversion au Christ humble, le verbe fait chair, Chemin, Vérité, Vie.

L'émerveillement devant le Christ humble est un des traits de la spiritualité augustinienne : « Le fils de Dieu s'est fait voie. Va par l'homme et tu parviendras à Dieu. Par lui, tu vas, à lui, tu vas… Il s'est fait la voie par laquelle tu puisses venir. Je ne dis pas : cherche la voie. La voie elle même est vient à toi. Lève-toi et marche. Marche par ta façon d'être, non par tes pieds (S 141,4)
Baptisé par Ambroise de Milan en 387, Augustin veut d'abord se consacrer à la recherche de Dieu et à la louange. Il décide de retourner au pays et fonde une communauté de chercheurs de Dieu. « Tu nous as fait orientés vers toi Seigneur, … et notre cœur est sans repos –inquiet-, tant qu'il ne repose en Dieu. » La vie en plénitude, le repos, l'otium est en Dieu, mais les besoins des hommes, les injustices, l'urgence de la mission, la nécessité de faire l'unité de l'Eglise mobilisent Augustin. Répondre aux appels de l'Eglise est une urgence de charité. Le pape Benoît XVI, qui a rendu hommage à St Augustin à Pavie, où se trouve la dépouille mortelle du saint, considère cette étape comme une véritable conversion. Le rêve de vie contemplative s'est évanoui ou plutôt, il prend une autre forme. Augustin est appelé à devenir prêtre (391) puis rapidement évêque auxiliaire (395) puis titulaire (396). Il se mit alors à traduire ses pensées dans le langage de ses ouailles. Le philosophe, devenu mystique était maintenant pasteur.
Monique, qui avait tant prié et pleuré pour la conversion de son fils, est comblée. Elle meurt à Ostie, avant le retour en Afrique.
Passionné de Dieu, grand amoureux de la vie, Augustin est bien illustré par le symbole du cœur enflammé.
Augustin relit l'action de Dieu dans son parcours de conversion, et des années après écrit les Confessions (405).
« Bien tard, je t'ai aimée, ô beauté si ancienne et si nouvelle, bien tard, je t'ai aimée. Tu étais au-dedans et moi j'étais encore au dehors de moi. C'est au dehors que je te cherchais ; c'est sur tes créatures que je me ruais. Tu étais avec moi et je n'étais pas avec toi. J'étais retenu par ce qui ne serait rien sans toi. Tu as appelé, tu as crié et ton cri a fini par forcer ma surdité. Tu as brillé et ton éclat a réussi à chasser ma cécité. Tu as exhalé ton parfum, et j’ai pu le respirer. Et voici que pour Toi, je soupire. Je t'ai goûtée, ô, beauté, et maintenant, j'ai faim de toi, soif de toi. Tu m'as touché, et j'ai brûlé d'ardeur pour la paix que tu donnes. Quand je Te serai uni de tout moi-même, pour moi plus de douleur, plus de fatigue. Ma vie, toute remplie de toi alors deviendra la vraie vie.» (Conf X,27)

Ce parcours de conversion, cet itinéraire très riche et très personnel nous rend Augustin aussi extrêmement contemporain. Sa quête personnelle trouve dans l'Eglise un véritable épanouissement.

· Un homme carrefour ou synthèse

Augustin réalise une heureuse synthèse entre la tradition philosophique de l'antiquité et la foi chrétienne. Il apprécie la sagesse de Cicéron puis sera marqué par sa fréquentation de Platon et des néoplatoniciens (Plotin), c'est-à-dire la culture grecque mâtinée des quêtes mystiques égyptiennes et orientales. Augustin réalise la synthèse entre la quête platonicienne du beau, du bon, du vrai dans l'Un au-delà de tout, et l'émerveillement chrétien devant le mystère du Verbe incarné, Sagesse éternelle de Dieu. Il passe de la quête éperdue de la vérité à l'obéissance de la foi, à l’écoute du maître intérieur, le Christ qui le conduit à Dieu, plus, qui lui donne de vivre de Dieu. Le philosophe est devenu croyant.
C'est un grand gabarit intellectuel, un des plus grands esprits de son temps. Promis à une belle carrière « universitaire » et politique, Augustin laisse tout pour le Christ. Néanmoins, il naît à la foi avec tout son bagage intellectuel. Philosophe et théologien, Augustin trouve dans le Christ la plénitude de la vérité. Cette quête de la vérité est pour lui essentielle, vérité sur l'homme, la création, la question du mal, le salut…
Le bonheur de l'homme, c’est Dieu : « Chercher Dieu, c'est désirer le bonheur ; trouver Dieu c'est le bonheur même. Nous cherchons Dieu en l'aimant et nous le trouvons en devenant semblables à Lui. « (ME11,18)
Il dialogue avec de nombreux hommes d'Eglise et penseurs de son temps à travers le monde. Il entretient ainsi une correspondance avec St Jérôme qui traduit la Bible en Palestine ou avec le moine Pélage dont il conteste les thèses sur la liberté et la grâce. C'est un homme de recherche et de dialogue qui ne cherche jamais à avoir raison sans convaincre son interlocuteur.

Cette unité rare entre raison et foi, cette passion de comprendre pour croire et de croire pour comprendre, cette capacité à entrer en dialogue, font d’Augustin un modèle incomparable

· Un mystique, pasteur et théologien

Les 3 étant inséparables :
Augustin est un mystique enraciné dans la prière et la Parole de Dieu mais en même temps très terre à terre, présent aux événements de son temps, locaux, africains ou romains. La pensée d’Augustin suit les cycles liturgiques mais se laisse interpeller par l’actualité, interroger par les comportements, les attitudes de ses concitoyens. Il n'en reste pas moins un quêteur de Dieu, un homme émerveillé par l’amour et la miséricorde de Dieu venu nous rejoindre en Jésus Christ pour nous mener à lui. Il a conscience de son besoin de se laisser évangéliser pour évangéliser à son tour comme l'exprime son fameux « Evêque pour vous, chrétien avec vous. »
La quête de Dieu est le but essentiel, comme le dit sa règle qui se termine par ces mots : « vivons en amants de la beauté spirituelle. »
Comme le dit Benoît XVI, grand admirateur d'Augustin : « l'amour est pour lui l'âme de l’Eglise et de son action pastorale ». L'amour a sa source en Dieu. C'est en vivant l'amour de Dieu et l'amour des frères que nous allons à Dieu. L'amour est le critère de discernement essentiel. Pas l'amour sentiment mais l'amour reçu de Dieu, l'amour- caritas- qui est Dieu. « Aime et ce que tu veux, fais-le. Si tu te tais, tais-toi par amour ; si tu parles, parle par amour. Si tu pardonnes, pardonne par amour. Aie au fond de toi la racine de l’amour, de cette racine, il ne peut sortir que du bien. (Jn7,8) ».
Docteur de la grâce, il écrira de nombreux traités dont un traité sur la Trinité. Au soir de sa vie, il pourra faire une relecture critique de son œuvre.

Cet enracinement de la vie pastorale dans la contemplation de Dieu et l'intelligence de la foi est également précieux. On évangélise que si soi-même on se laisse évangéliser. Dieu est la finalité de la mission. Celle-ci ne peut se réduire à un fonctionnement, à des techniques d'animation ou des artifices pour se rendre visible.

Il est pétri de la Parole de Dieu, lue, méditée, prêchée : homélies, catéchèses, écrits théologiques. Il commente tous les psaumes, l'Evangile et la première épître de Jean…
« Prends et lis ». La voix décisive du jardin de Milan va faire d'Augustin un lecteur assidu des Ecritures qu'il avait dans un premier temps jugées mal écrites et de faible intérêt.
« Qui veut être écouté de Dieu, qu'il commence par écouter Dieu. » (S17,4)

Cela nous le rend aussi très « moderne ». Au risque de l'anachronisme, osons dire qu'Augustin est dans la droite ligne des orientations de Dei Verbum, reprises récemment dans le rassemblement de la catéchèse à Lourdes : ecclesia. Le Concile Vatican II doit d'ailleurs beaucoup aux pères de l'Eglise dont la pensée se déploie toujours en rapport avec des questions pastorales et dans une constante méditation de la Parole de Dieu.

· L'intériorité

L'attention à l'intériorité est un trait caractéristique de la spiritualité augustinienne :
« Retourne à ton cœur, et de là-bas va à Dieu. Le chemin sera court si tu commences par revenir à ton cœur. Tu te laisses troubler par ce qui se passe au dehors et tu te perds.» (S.311,13) . La vie intérieure est pour Augustin le lieu des retrouvailles de l'homme avec Dieu. « Dans l'homme intérieur habite le Christ ; c’est là que tu te renouvelles à l’image de Dieu. » (in Jn18,10) . Le Christ est le maître intérieur.
Augustin n'écrira pas de traité sur la prière. Excepté dans la lettre à Proba, une veuve romaine qui l'interrogeait sur la prière, il ne fait pas d'exposé systématique, mais distille des conseils au gré des homélies et des catéchèses.
La prière est pour Augustin le dialogue de l'âme avec Dieu. Le priant s'expose au souffle de Dieu et se laisse transformer par lui. Il dilate son âme aux dimensions de Dieu.
« Ton désir, c'est ta prière. Il y a une prière intérieure qui ne se tait jamais : c'est ton désir. Si tu veux prier sans cesse, ne cesse jamais de désirer (…) La tiédeur de ton amour sera le silence de ton cœur. Ton ardeur, le cri de ton cœur. »
Le Notre Père est modèle de toute prière par le décentrement auquel il invite. Le chrétien peut prier à sa manière, mais sa prière doit se retrouver dans le Notre Père. C'est comme cela qu’il peut vérifier si sa prière est une prière chrétienne. La prière personnelle s'inscrit alors dans la prière du Corps du Christ, de l'Eglise.

Augustin nous invite donc à cette qualité de vie intérieure, à l'écoute du Christ, maître intérieur, mais aussi à une prière inscrite dans celle de l'Eglise corps du Christ.



· A l'origine de l'homme occidental ?

Réflexion sur la personne humaine, sa singularité. L'homme est créé à l’image et à la ressemblance de Dieu. C'est ce qui fonde sa dignité de Fils de Dieu.
Ancêtre de la psychologie ? Chose étonnante pour l'époque, il a été très attentif aux mouvements intérieurs de son âme, attentifs à ses désirs, à ses affects. Il a découvert que Dieu habitait au plus intime de lui-même et l'appelait en même temps à sortir de l'isolement pour aller à la rencontre des autres, servir Dieu et la formidable aventure du salut.
L'homme sera vraiment lui-même, libre et vrai s'il reconnaît sa vocation, s'il entre en communion avec Dieu et ses frères, si sa volonté désire le bien.
Augustin sera préoccupé par la question du mal et élaborera la pensée sur le péché originel pour mieux mettre en valeur la nécessité de la grâce et la grandeur du salut en Jésus Christ. L'homme seul ne peut s'en sortir. Il ne peut découvrir la vérité sans l'aide de la grâce de Dieu qui agit au cœur même de sa liberté, de son intelligence, de sa raison ou pour employer une triade augustinienne sa mémoire (Père), son intelligence (Christ), sa volonté (Esprit). L'homme pêcheur doit cependant sans cesse s'en remettre à la miséricorde de Dieu dans l'humilité. Chez Augustin, comme chez Paul, la notion de péché n'est soulignée que pour mieux mettre en avant la nécessité de la grâce. L'homme ne peut s'en sortir par lui-même (Pélage) ; il a besoin de la grâce de Dieu. Il est pauvre, « mendiant de Dieu ».
Contre ceux qui désespèrent de l'homme et ceux qui lui font une confiance absolue, Augustin trace un chemin équilibré où l'homme réconcilié avec son Créateur peut avancer en vérité, et en toute humilité à la suite du Christ Sauveur.
« Te connaître, me connaître. Connaître comme je suis connu. Telle est mon espérance. »
Le Christ est le maître intérieur, celui qui nous permet d'habiter notre condition humaine en toute vérité et de la mener à Dieu. « Chercher Dieu, c’est désirer le bonheur, trouver Dieu, c'est le bonheur même. » (ME11,18)

Cette anthropologie augustinienne me paraît d'une belle actualité, même si le sécularisme ambiant va à l'encontre de ce bel équilibre entre humanité et vocation divine de l'homme.


· Un passionné de l'Eglise et de l'unité de l'Eglise.

Pour Augustin, l'Eglise, c'est le corps du Christ. Il parle du Christ total, tête et corps intimement solidaires. L'unité du corps du Christ a beaucoup d’importance. Toucher à un membre du Corps du Christ, c'est toucher au Christ. En déchirant l'Eglise, on brise l'unité du Corps du Christ ; on offense l’amour. Sa théologie est à la fois christocentrique et ecclésiocentrique.
« Ce qu'un chrétien doit redouter le plus, c'est d'être séparé du corps du Christ, car s'il est séparé du corps du Christ, il n'est plus membre du Christ, et s'il n'est plus membre du Christ, il n'est plus animé par l'Esprit. »
Quand l'Eglise prie, c'est le Christ corps qui prie, uni au Christ tête.
Quand un chrétien prie les psaumes, il prie comme le Christ, avec lui et en lui. Le Christ est maître d'humilité.

« Le chemin n'est pas différent du but, tu ne viens pas au Christ par autre chose que lui ; c'est par le Christ homme que tu viens au Christ Dieu ; par le Verbe qui s'est fait chair au Verbe qui était au commencement auprès de Dieu. » (in Jo.Ev.13,4)

Là encore, Augustin nous est très actuel. Il nous invite à nous centrer sur le Christ et le mystère du salut. Dans sa visée, la nature de l'Eglise et sa mission sont intimement liées. L'Eglise n'est pas une société organisée mais elle est née de la Trinité, comme le dit le Concile Vatican II.

L'Eglise de son époque en Afrique du Nord est profondément divisée. Augustin ne peut s'en accommoder. Il sera artisan inlassable d’unité. Cette fragilité de l'Eglise ne sera d'ailleurs pas sans rapport avec sa disparition progressive après l'arrivée de l'Islam
Les sacrements, dons de Dieu se reçoivent dans l'Eglise. C'est dans l'Eglise que le Christ se reçoit. Pour recevoir les sacrements, il faut être dans l’Eglise. C'est aussi la condition du salut.
Augustin développera toute une pédagogie du baptême et de l'eucharistie, notamment des catéchèses mystagogiques.
« Soyez donc ce que vous voyez et recevez ce que vous êtes. » (S 272)
Pour Augustin, la louange de Dieu se prolonge dans la vie quotidienne. « En chantant « alleluia » donne du pain à celui qui a faim, habille celui qui n’a pas de vêtement, reçois celui qui n'a pas de maison. Ce n'est pas seulement ta voix qui chante, mais ta main chante aussi parce que tu fais ce que tu dis. » (Ps149,8)

Son amour de l'Eglise, sa passion de servir le salut que Dieu offre à l'humanité en Jésus Christ peuvent largement inspirer notre propre action apostolique, nourrir notre service de la mission de l’Eglise

Mais aussi le rapport de l'Eglise et de la société : la cité de Dieu parfois mal interprétée quand elle conduira à l'augustinisme politique : les monarchies de droit divin et les projets de chrétienté s'appuieront sur cette vision. Augustin vit dans un temps troublé et cherche à comprendre. C'est « la Cité de Dieu » rédigée après la chute de Rome en 410 et jusqu’en 425. Il y écrit notamment qu'aucune civilisation n'a les promesses de la vie éternelle et que l'avenir appartient à la Cité de Dieu. Pour l'instant Cité des hommes et Cité de Dieu sont mêlées comme le bon grain et l'ivraie.
« Deux amours ont fait deux cités, l'amour de soi jusqu'au mépris de Dieu, la cité terrestre, l'amour de Dieu jusqu'au mépris de soi la cité céleste. L'une se glorifie en elle-même, l'autre dans le Seigneur. L'une, dans ses chefs ou dans les nations qu'elle subjugue, est dominée par la passion de dominer ; dans l'autre, on se rend mutuellement service par charité…» La paix de la cité, c'est la concorde bien ordonnée. La cité céleste use de la paix terrestre pour avancer dans son voyage vers Dieu.

Si La Cité de Dieu a conduit à des interprétations douteuses, la manière avec laquelle Augustin situe la foi et l'espérance chrétienne dans l'actualité de son temps peut nous inspirer aujourd’hui.

A l'origine de la vie canoniale et d'une règle de vie religieuse
Il n'a jamais été seul dans sa quête de Dieu. Il a toujours associé d'autres personnes à sa recherche. Dès sa quête de Dieu, il est entouré ainsi à Cassiciacum avant son baptême où il mène une vie intense de recherches, de lectures, de discussion, de rédaction et de méditation avec Alypius et Nébridius amis carthaginois, Adéodat son fils, Monique sa mère. L'amitié a beaucoup d'importance pour lui de même l'attention aux plus pauvres, aux malades d'où le fait que sa règle ait été adoptée par beaucoup de communautés hospitalières.
L'amitié se stabilise en Dieu : « Nulle amitié n'est fidèle, sinon dans le Christ : c'est en lui seul qu'elle peut être heureuse et éternelle. Celui-là aime vraiment son ami qui aime Dieu dans son ami. »
« Si toi, Dieu, n'en es pas le ciment, il n'y a pas de véritable amitié : ces êtres sont unis entre eux grâce à l'amour répandu dans nos cœurs par l'Esprit Saint qui nous a été donné. » (Conf 4,4,7)
L'hospitalité est une expression concrète de la miséricorde, seul chemin vers Dieu. En effet, si le but de la vie religieuse est de chercher Dieu, on ne peut pas se dérober à l’urgence du frère dans le besoin. Cela tient aussi à l’unité du corps.
La communauté augustinienne est donc avant tout apostolique, même dans sa dimension contemplative. « Vivez unanimes dans la maison de Dieu, un cœur, une âme tournés vers Dieu. N'est-ce pas la raison même de votre rassemblement»
« Honorez les uns dans les autres, ce Dieu dont vous êtes devenus les temples. » (Règle)
Evêque, Augustin quitte le monastère mais à la maison épiscopale, il n'en restera pas moins entouré de frères ; c'est l'origine des chanoines.

Augustin a joué un rôle clé dans le développement de la vie religieuse en Occident. Sa règle et sa spiritualité sont toujours d'une grande actualité.

· Un charisme qui continue à porter du fruit

Nombre impressionnant de citations d'Augustin dans les documents du Concile ou dans le catéchisme de l’Eglise catholique…
Dans nombre d'oraisons, de lectures de la liturgie des heures…
Dans la pensée théologique : St Bernard, St Thomas d'Aquin, mais aussi Luther, le jansénisme. Une pensée parfois mal comprise mais une postérité immense, si bien qu'il n'est pas toujours facile de démêler ce qui vient d'Augustin dans la tradition de l'Eglise.

Assurément, Augustin peut continuer à nous inspirer aujourd'hui. Avec lui, nous avons un guide sûr pour vivre la passion de Dieu et celle des hommes qu'il aime.
Augustin par son parcours et son approche du mystère chrétien reste d'une étonnante actualité. En lui, quête humaine et rencontre de Dieu se conjuguent admirablement.

O, toi,
Donne-moi la force de te chercher,
Toi qui m’as fait pour te chercher de plus en plus.
Devant toi ma force et ma faiblesse ;
Garde ma force,
Guéris ma faiblesse.
Devant toi est ma science et mon ignorance.
Là où tu m'as ouvert,
Accueille-moi quand je veux entrer ;
Là où tu m'as fermé,
Ouvre-moi quand je viens frapper.
Que ce soit de Toi que je me souvienne,
Toi que je comprenne,
Toi que j'aime !
Augmente en moi ces trois dons,
Jusqu'à ce que tu l'aies reformé tout entier.

(De Trinitate XV,51)

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Dernière modification le : 20/11/2007 @ 18:22
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